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Et ne prends pas ma main
21 août 2008

Et puis mon cœur qui bat, de bonheur et d'angoisse.

Dehors il y a ces voix d'enfants, ces portes de voiture qui s'ouvrent et se ferment, un volet que l'on descend. Un moteur. J'imagine des voisins qui rentrent après un dîner entre amis. La vie, autour.

Et moi je tâche d'écouter un peu les battements de mon cœur ; je me demande bien ce qu'ils veulent, ce qui leur fait peur.

Peut-être n'est-il pas bon d'écrire.

J'aime ce garçon que je ne comprends pas bien, mais qui a l'air de tenir à moi, lui aussi.
Quand il me le dit, je le crois.

Si je le pouvais, je l'appellerais tous les soirs, pour l'écouter me raconter ses rêves, ses peurs de l'avenir, ses silences, sa voix que je ne saurais pas décrire, si douce, si calme et si hésitante à la fois.
Je sens mon cœur cogner, mais trop fort ; j'aimerais bien qu'il se calme. Il n'y a pas de raisons d'être si énervé.

Je suis cette jeune fille qui cherche son chat, toujours si solitaire, qui parle avec sympathie à ce garçon que tout le monde trouve bizarre parce qu'il fait tant de grandes phrases, parce qu'il semble si peu spontané. Que les autres croient méchant, alors qu'il a simplement peur. Qu'il suffit juste de le rassurer.
Je suis cette silencieuse, effacée dans ce coin de la classe, à qui personne ne parle, sauf un ou deux garçons aussi solitaires qu'elle. Qui écoute le professeur parler, au lieu de discuter avec les autres, de s'intéresser à tout ce qui se passe là, derrière le premier rang.
Elle, qui apprécie beaucoup ces quelques personnes, autour ; mais qui n'aime personne.
Que beaucoup apprécient ; mais que personne n'aime.
Je suis cette ombre qui marche dans Paris, les yeux retournés en moi-même, que l'on aborde parfois en lui disant qu'elle a l'air triste. Alors elle sourit un peu, un instant, à ces inconnus qu'elle ne reverra pas.

Elle était là, sûrement, cette vague tristesse que l'on lisait sur son front qui se plisse de penser ; mais tellement vague.
Par dessus c'est un sourire, quelques mots qu'on échange comme ça. Le monde autour défile, et puis c'est tout, on regarde. On pense sans savoir à quoi.
C'était la solitude tranquille, ses tristesses, ses joies, ses angoisses, ses rires ; mais comme si tout ça, au fond, ça n'était que le même fil des jours, avec à peine quelques nuances.

Tout se vaut, c'est cela : et n'avoir peur de perdre personne. Ou une peur très vague. A peine ressentie.
Les gens sont là un jour ; quand le lendemain ils répondent absent, ça n'a pas trop d'impact. Juste assez, à peine. On pardonne. Il seront peut-être là, après-demain. Oui, je crois que j'ai confiance.

Mais, ce garçon.
Qu'elle a tant aimé sentir contre elle - que j'ai tant aimé sentir contre moi ; que j'aimerai sentir, encore, parfois.
Et le cœur qui bat, comme un surgissement au milieu de la solitude tranquille, de bonheur et d'angoisse.

Je l'aime.
Mais c'est aussi la peur qui revient, cette peur que l'on n'a pas connue depuis si longtemps.
J'ai peur de le perdre. Déjà peur, avant même d'avoir pris le temps de l'aimer, ou à peine.
J'avais oublié ce que c'était qu'aimer, et je ne le savais même pas.

Où mènera ce silence qu'il ne rompt jamais, et que je n'ai pas toujours la force de rompre ?
Où mènera cette tendresse, écartelée par la distance et le temps ? 
Qui sait. Tout reste à découvrir, tout.

Mais il est certain que ma solitude ne sera plus la même.
Maintenant, il en fait partie.

(Et puis mon cœur qui bat, de bonheur et d'angoisse.)

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Commentaires
K
merci, poète, du blues tendre
Et ne prends pas ma main
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